Réunion entre la DGAL et la SCAF (5 avril 2023)

Publié par FFV le

 

Compte Rendu de la réunion entre la DGAL et la SCAF

Éleveurs sélectionneurs de petits cheptels et Influenza Aviaire (IA)

Situation en date du 5 avril 2023

C’est dans un contexte sanitaire des plus compliqués, qui n’est autre que celui que nous pouvons constater et subir depuis de trop nombreuses années maintenant, et suite à un véritable travail de fond en termes de sollicitations de la part de la Société Centrale d’Aviculture de France (SCAF), qu’une entrevue ministérielle fût organisée le 5 avril 2023.

En effet la SCAF a participé, ce mercredi 5 avril 2023 à une réunion avec la Direction Générale de l’Alimentation (DGAl) du ministère de l’agriculture à propos des évolutions réglementaires et sanitaires en préparation pour lutter contre la propagation de l’Influenza Aviaire.

Étaient présents pour la DGAl, une délégation du plus haut niveau comprenant :

  • Mme Maud FAIPOUX, Directrice générale de l’alimentation ;
  • Mme Karen BUCHER, Sous-directrice adjointe de la santé et du bien-être animal, chargée du plan d’action pour une stratégie vaccinale des volailles.

Étaient présents pour la SCAF :

  • Anthime LEROY, Président de la Société Centrale d’Aviculture de France et de la Société Nationale de Colombiculture (SNC) ;
  • Dr Samuel BOUCHER, Vice-Président de la SCAF en charge des questions sanitaires et Président de la Fédération française des Associations d’Éleveurs de Cobayes et rongeurs de race (FAEC) ;
  • Thomas FRUGOLINO, Vice-Président de la SCAF et Président de la Fédération Française de Volailles (FFV) ;
  • Philippe HUDRY, Trésorier de la SCAF et Vice-Président de la SNC en charge des expositions du concours national ;
  • Laurent GRIFFON, Directeur de Races de France était présent pour nous apporter son appui.

Afin de bien débuter cette réunion, Mme FAIPOUX pris la parole pour souhaiter la bienvenue à chacun ; elle nous présenta son équipe et donna la main aux représentants présents en lançant un tour de table de présentation.

L’objectif de cette réunion était clair. Il concernait la gestion de la crise épidémique d’influenza aviaire. Celui-ci peut se décomposer en plusieurs points que nous approfondirons dans ce compte-rendu.

En introduction, Anthime LEROY a fait part de la vive inquiétude des éleveurs amateurs sur le devenir de nos activités d’éleveurs de volailles et pigeons de races et de la nécessité de trouver des solutions pour maintenir les expositions d’aviculture, qui sont le cœur de notre travail et notre raison d’être. C’est la condition pour sauvegarder un immense patrimoine de centaines de races formant cette biodiversité domestique unique qui est la nôtre.

La directrice ainsi que la sous-directrice adjointe ont ensuite pris la parole afin de nous faire part de la situation.

Une mise en place vaccinale complexe

Mesdames FAIPOUX et BUCHER nous ont dans un premier temps informés et expliqués la situation sanitaire et le choix de la stratégie qui sera mise en place prochainement sur notre territoire afin de lutter contre l’Influenza Aviaire.

Il faut retenir que la première phase du projet concernant la vaccination sera à destination des élevages professionnels.

A ce jour, la stratégie est encore en cours de finalisation. Madame la directrice nous explique qu’il fallut faire des choix sur une période courte et que le raisonnement s’est porté sur la filière d’élevage professionnel.

Néanmoins, des réflexions dans un second temps seront menées pour nous inclure dans le projet de lutte, ce qui, compte tenu de la situation actuelle était difficilement réalisable. Cela s’explique aussi par un manque de temps imposé par le règlement européen.

De plus, le dispositif visant à enrailler l’épisode Influenza Aviaire n’a pas du tout été dans un premier temps pensé pour nos élevages de sélection de races à petits effectifs et serait, en tous les cas, impossible à mettre en œuvre en l’état. Cela s’explique par un certain nombre de points que nous pouvons illustrer de la manière suivante :

Aujourd’hui, un seul vaccin a été autorisé par la commission européenne.

Il sera disponible en conditionnement de trop grosse quantité par rapport aux besoins réels de nos élevages et la question du coût sera rédhibitoire.

Un protocole sanitaire très lourd sera mis en place, impossible à appliquer à notre niveau.

Une très forte surveillance après vaccination est également prévue. Cela s’explique par le fait que les autorités compétentes n’ont pas énormément de recul sur le sujet.

Toutes ces contraintes pré et post vaccinales engendrent évidemment des coûts bien trop importants pour nos éleveurs. Nos conditions d’élevage et notre manière de fonctionner ne nous permettent pas, de toute évidence, ne serait-ce que d’initier la mise en place même du protocole.

En résumé, à très court terme, nous n’entrons pas dans un plan vaccinal qui serait en tant que tel inapplicable pour nous. Il faudra attendre un certain nombre de mesures concernant le règlement mis en place que nous pourrions appliquer à notre échelle. C’est en cours de travail et réflexion.

Une volonté d’échanger

Le ministère tient néanmoins à se montrer rassurant ou du moins, comprend la nécessité de préserver notre biodiversité unique garante d’un patrimoine exceptionnel qui est le nôtre.

En ce sens, une session d’échanges entre les représentants de la DGAL et de la SCAF a pu se tenir.

La SCAF remercie la DGAL pour les explications fournies et le point sur la situation précédemment exposés. Notre confédération a compris la complexité du dossier et du plan de vaccination contre l’Influenza Aviaire qui ne serait pas applicable pour nos éleveurs. Nous regrettons de n’avoir pu être pris en considération de manière plus rapide et insistons sur le fait que la situation est vraiment catastrophique. Il en va de la survie de notre milieu que de trouver rapidement des solutions pérennes.

Néanmoins, l’objet de ce rendez-vous n’était pas forcément de revendiquer à tout prix une vaccination immédiate comme l’a souligné le Dr. Samuel BOUCHER, Vice-président de la SCAF, conscient des difficultés de procédures et en charge du dossier sanitaire. Nous avons besoin d’une solution à très court terme, indispensable et nécessaire pour préserver notre patrimoine. Sentiment bien évidemment partagé à l’unanimité.

Bien consciente de cette nécessité, la DGAL est en approbation avec ce besoin et insiste sur la volonté de trouver une solution à la fois à très court, moyen et long terme de manière collégiale afin de répondre aux SOS de l’élevage de sélection d’animaux de races avec statut non professionnel.

Les représentants de la SCAF, notamment Philippe HUDRY, trésorier et organisateur d’expositions, soulignent le fait que les expositions-concours font parties des fondations de notre milieu. Elles sont un véritable élément moteur de tout notre système. Elles permettent de faire le lien entre les différents acteurs de l’élevage de sélection, d’échanger, de communiquer, d’avancer, …

Trois points sont mis en avant :

  • L’incohérence des décisions prises par les autorités sanitaires qui diffèrent d’un département à l’autre, alors qu’un arrêté ministériel existe. Cet arrêté ministériel permet l’accord de dérogation mais les volailles n’en bénéficient quasiment jamais.
  • L’absence de cas d’Influenza aviaire lors de nos rassemblements sur le territoire français.
  • Le respect des protocoles de précaution par nos éleveurs qui accusent le coup mais font preuve de très bonne volonté.

La DGAL a bien pris ces points en considération et veut bénéficier de la campagne de lutte contre l’Influenza Aviaire pour réviser les arrêtés ministériels.

Les différences d’appréciation et de décision d’une préfecture à l’autre sont reconnues mais sont malheureusement liées à un certain principe de précaution, une pression collective, un épisode très complexe, où chacun essaye de sécuriser ses responsabilités vis-à-vis d’un déclenchement de foyer d’Influenza Aviaire. D’autre part, un certain manque de précision des arrêtés ministériels peut induire des différences d’appréciation, comme l’a reconnu la directrice générale de l’alimentation.

Madame BUCHER, en charge du projet Influenza Aviaire rappelle qu’en Allemagne la situation a été très compliquée avec des foyers d’Influenza Aviaire chez les éleveurs sélectionneurs amateurs. La pression vient aussi bien évidemment des instances européennes qui appellent à la plus grande vigilance.

La SCAF reconnue comme force de proposition

Concernant le plan vaccinal, des études se poursuivent au niveau européen pour définir une ligne de conduite pour l’avenir. La Société Centrale d’Aviculture de France en sera tenue informée. En outre la DGAL invite la SCAF à lui faire part des actions de biosécurité mises en place par les éleveurs sélectionneurs de volailles de races pour lutter contre l’Influenza Aviaire. Un « guide des bonnes pratiques » succinct pourrait être rédigé et transmis aux autorités.

L’accent est mis sur cette volonté de la part du ministère de travailler conjointement avec notre entité qui est reconnue d’utilité publique et légitime sur ce dossier.

Bien consciente du nombre excessif, de la complexité et parfois du peu de clarté des différents arrêtés ministériels actuellement en vigueur concernant les rassemblements en période d’épizootie d’Influenza Aviaire, la DGAL engage un travail de réécriture et de simplification.

Elle demande à la SCAF de l’aider et de lui faire des propositions tenant compte de notre expérience et des difficultés éprouvées sur le terrain.

La SCAF va entreprendre ce travail et faire des propositions dans un délai d’un mois pour mise en application prévue à l’automne prochain.

Pour un gage d’efficacité complémentaire, Madame la sous-directrice propose une stratégie à deux niveaux :

Arrêté ministériel + Protocoles particuliers/spécifiques

  • L’objectif étant de nous faciliter la vie, de faire preuve de bon sens tout en conservant une légitimité et efficacité sanitaire pour pallier aux risques Influenza Aviaire.

Notre patrimoine génétique est en danger et il est d’une nécessité capitale de le préserver et d’entreprendre le plus rapidement possible des solutions pérennes pour l’avenir a rappelé Laurent GRIFFON, directeur de Races de France, qui tenait à être présent à nos côtés pour la défense de nos intérêts communs. Ce dernier rappelle qu’il n’y a qu’une part infime de nos races en Cryo banque et que si demain nous venions à disparaitre, nous ne pourrions évidemment pas régénérer une quelconque population de races anciennes. (Annexe1)

La situation au 5 avril 2023 concernant l’Influenza Aviaire est encore loin d’être solutionnée. Néanmoins, nous avançons dans la défense des intérêts de nos éleveurs sélectionneurs de races et la préservation de notre vivier génétique unique conjointement avec nos différents partenaires ainsi que le ministère. Tous les acteurs sont convaincus de l’intérêt de travailler ensemble et partage le même objectif.

Bien que le plan de lutte contre l’Influenza Aviaire ne nous offre pas la possibilité de mettre en place une vaccination à très court terme, nous sommes intégrés dans la boucle pour la prochaine vague et pourrons l’entrevoir probablement à moyen terme.

Dans l’immédiat, la révision des arrêtés ministériels sera notamment notre solution afin de faire perdurer nos expositions, rendez-vous indispensables de notre monde avicole de sélection.

Nous n’avons pas décroché la lune lors de cet entretien, certes, mais nous avons au moins le mérite de pouvoir entrevoir la lumière au bout du tunnel et d’avoir des cartes en mains. Être/rester plus que jamais unis et travailler main dans la main sera gage de la réussite de nos objectifs.

La route est encore longue et non de tout repos, mais sachez que nous ne lâcherons rien et ferons honneur à cet engagement très prenant au service de l’intérêt collectif.


Annexe 1 :

En ce sens, notons que le travail mené conjointement entre la FFV, la SCAF et le SYSAAF a été approuvé par le ministère et reconnu par la DGPE. Vous trouverez le Rapport méthodologique et liste des races menacées d’abandon pour l’agriculture paru en janvier 2023 via le lien suivant : https://agriculture.gouv.fr/races-menacees-dabandon-pour-lagriculture